See the world burn | ft. Avalon

See the world burn

« Quelque chose ne va pas, hein ? » Rosalind reste silencieuse, elle baisse les yeux sur le sol et presse le pas, Sybaris a du mal à la suivre mais il s'efforce de suivre le mouvement. Elle est distante, concentrée, mais surtout : elle a peur. Sortir n'est plus une partie de plaisir. Elle n'aime pas être enfermée sans le vouloir, mais elle n'a pas le choix, il en tient de leur survie personnelle. « Non Syba, rien ne va. » Elle préfère utiliser la voie télépathique avec autant de monde autour. D'accord, c'est une simple foule, mais quelques sentinelles doivent forcément traîner par-ci par-là et ce n'est pas aujourd'hui qu'on l'enfermera. Ni demain. Elle perçoit le soupir mental de Sybaris qui s'arrête dans la rue, obligeant un homme à changer de direction avant de le percuter. Il s'assoit et la fixe, sévèrement. « Comment veux-tu que je sache ce qui te tracasse si tu ne me parles pas ? » Elle ne se retourne pas, elle s'arrête mais ne le regarde pas, puis elle se remet à marcher, sans répondre, il ne faut surtout pas attirer l'attention, elle resserre son manteau contre elle. « Tu es sensé lire dans mon esprit, tu sais ? » Elle jurerait qu'il vient de rouler des yeux mais préfère l'ignorer, elle est de mauvaise humeur et, naturellement, il en va de même pour sa moitié. « Tu ne devrais pas y aller, on va se faire prendre, c'est trop risqué. » Elle lui jette un regard en coin, ralentit un peu pour qu'il rattrape son retard puis traverse la rue pour se glisser dans une autre foule, un peu plus jeune, certainement des étudiants. « Il faut que je sache. » Cette fois elle l'entend ricaner et ce n'est pas juste dans sa tête, une petite fille tourne les yeux pour observer le raton laveur avant de lui sourire, mais Syba lui montre les crocs, il n'aime pas les enfants. « Elle ne pourra rien te dire, je pense pas qu'elle sache quoi que ce soit en fait. Elle va te balancer, c'est tout. » Mais Rosalind est butée, certainement autant que Sybaris. La blonde s'est arrêtée queques secondes pour observer la petite fille reculer lentement en fixant le dæmon, son dæmon chat ayant déjà doublé de volume en voyant le danger potentiel. Rosalind se retourne, attrape Syba sous le bras et lui tapote la tête en souriant à la fillette, puis elle lance, avec un sourire à peine hypocrite : « Voyons, ce n'est pas comme ça qu'on traite les dames ! ». Sybaris roule des yeux en renonçant à se débattre, ils n'ont pas le temps pour faire des vagues… Ce n'est vraiment pas le moment. La petite fille lance un sourire à Rosalind avant de disparaître dans la foule. Après avoir levé les yeux sur une horloge solidement accrochée à un bâtiment, Rosalind soupire, reprenant alors la voie télépathique. « On est déjà en retard. Tu peux arrêter de terrifier des enfants ? », la petite peste entre ses bras frotte ses dents contre son bras pour se libérer avant de donner un petit coup de museau dans son mollet pour la faire avancer. « Tu diras pas que je t'ai pas prévenu. »

Le bar est bondé, comme à son habitude. C'est un endroit stratégique, trop huppé pour crouler sous les descentes de sentinelles, elle est quasi-certaine d'être tranquille ce soir. Elle a préféré choisir un début de soirée, plus calme que les fins d'après-midi. Finalement, Avalon n'est pas encore arrivée, alors elle a choisi un coin tranquille du bar, une banquette assez éloignée du comptoir et a commandé deux cafés, et des chips de pommes que Syba est en train de grignoter. « Tu ne sais pas aller quelque part sans réclamer quelque chose. » Il hausse ses petites épaules en relevant le museau pour la toiser, mâchouillant un morceau de pomme avant de bailler. « Non, tu sais pas résister à mes caprices c'est tout. » Il marque une pause, avale à peine sa chips qu'une autre traîne à nouveau entre ses pattes. « Ça traînera pas trop ? J'ai pas envie qu'on rentre à pieds dans la nuit, les patrouilles se sont renforcées. » Rosalind hausse les épaules doucement, elle enfonça son dos contre la banquette en observant dehors. « On n'est pas recherchés comme l'ennemi numéro un non plus, arrête de dramatiser. » Il s'arrête de mâcher subitement en relevant les yeux vers elle, assez incrédule de la légèreté apparente dont elle vient de faire preuve et murmure, tout bas : « Rosa, ils veulent nous tuer, tu te souviens ? Pourquoi t'es aussi inconstante ? » La scientifique fronce les sourcils en fixant un groupe de jeunes à l'extérieur avant de sourire faiblement, n'écoutant certainement pas ce qu'il vient de dire. « J'espère qu'elle va venir… Le café est presque froid et en plus il pleut maintenant... »

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Rosalind est un peu dans sa bulle depuis quelques instants, c'est certainement le temps de latence qui la rend aussi détachée. Elle ne sait pas vraiment comment elle va aborder les choses et imagine mal à quel point tout peut tourner au vinaigre… Mais bon, c'est peut-être une de ses dernières chances. Elle revient à la réalité en remarquant l'absence des bruits de grignotage de Sybaris et relève les yeux, oh, Avalon est arrivée. Finalement. Elle et son dæmon chouette… Sollux ? La blonde lance un regard à sa moitié qui garde les yeux rivés sur la table, certainement terrorisé par les risques dans lesquels ils se sont empêtrés. Rosalind fronce les sourcils en entendant son prénom, restant toujours aussi distante, loin de cette réalité toute entière. « Avalon Wellspring... », répond t-elle plus bas avant d'esquisser un sourire en lui désignant la banquette en face d'elle. « Il me semblait que tu préférais le café au lait, mais je n'ai pas voulu prendre de risque, il est serré. » Elle fixe la tasse blanche, dont s'extirpent difficilement quelques volutes de fumée, quelques instants avant de se redresser lentement. « J'ignorais à qui je devais confier ce qui m'arrive, qui était vraiment digne de confiance. J'ai pensé que tu étais la bonne personne. » Rosalind parlait d'un ton las, fatigué, c'était difficile de savoir si tout était sincère où si une pointe de comédie ne s'insinuait pas dans ses paroles. Toujours est-il que Sybaris attrape une nouvelle chips avant de murmurer d'un ton amusé : « Tu n'as pas d'amis, c'est tout. » L'intéressée ne relève pas l'attaque, jugeant que si elle n'en a pas, il n'en a pas non plus et ça lui suffit. Elle extirpe un petit morceau de papier de sa poche avant de le poser devant Avalon, ce n'est qu'un vague mémo, mais il a un sens tellement lourd pour elle. Elle lui lit, sans même pendre la peine de le regarder, ce sont des mots qu'elle connaît par cœur.


Ce n'est qu'un petit bout de papier chiffonné, glissé à la va-vite dans la boîte au lettre du laboratoire, mais c'est le début des problèmes. Elle s'éclaircit doucement la voix, n'ayant visiblement pas le cœur à sourire devant cette nouvelle qui semble si loin à présent. « Il avait découvert quelque chose, sur… » Elle jette un œil au monde autour d'elles et se penche un peu pour baisser le ton et se faire entendre par son interlocutrice. « Sur l'apparition des Excors. » Elle se repose contre le dossier de la banquette avant de sourire faiblement. « Toute une liste de noms, de cibles, de commanditaires, dont certains bien trop haut placés pour supporter qu'une telle nouvelle soit rendue publique. » Elle chasse une mèche de cheveux qui l'importune derrière son oreille avant de jeter un œil sur la pluie qui tambourine contre la fenêtre du café. « Maintenant qu'il a disparu, que j'étais son assistante et que j'étais grandement impliquée dans ses recherches, on cherche à… Comment dire... » Elle cherche le regard de Sybaris pour trouver la formulation adéquat aux faits, ce dernier relève les yeux pour lancer un léger sourire à Sollux et Avalon avant de lâcher lentement : « Ils cherchent à nous éliminer légalement. » Rosalind hausse un sourcil avant d'acquiescer lentement, le terme est bien choisi, il faut l'admettre. Elle marque une légère pause avant de reprendre, un peu plus gênée. « Toujours est-il que mes cherches qui visent à réhabiliter les Excors à la poussière touchent presque à leur but et je ne peux me permettre de laisser tomber mes recherches entre les mains de n'importe qui : les scientifiques ne sont pas tous bien intentionnés… Alors je veux simplement m'assurer qu'une personne de confiance sera en mesure de les trouver et de les faire perdurer s'il venait à m'arriver quelque chose. » Elle a un sourire un peu plus fin, elle ne laisse pas le choix à Avalon, mais ne veut pas non plus lui mettre le couteau sous la gorge, c'est une façon plus subtil de le faire, lui faire comprendre qu'elle a le choix mais que c'est son dernier espoir. De toutes façons, elle a déjà tout prévu, tout expliqué dans les moindres détails pour que n'importe qui puisse comprendre puis tout codé pour que personne ne puisse décrypter et elle porte le seul codex qui puisse révéler ses recherches. Tout est prévu. Depuis des semaines. Pourquoi chercher à la contacter quelqu'un maintenant ? Ernest semblait agité et cela pouvait être un signe que la pression sur ses larges épaules finirait par l'emporter et qu'il serait forcé de balancer Rosalind et Sybaris.

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See the world burn

Elle laisse Avalon débattre de ce qu'elle a lancé sur la table tout en sirotant son café, son regard  perdu dans la contemplation de la pluie contre la fenêtre et des londoniens qui zigzaguent pour éviter les flaques de plus en plus conséquentes. Sybaris s'est finalement immobilisé, il observe quant à lui les échangent de regard entre Avalon et son dæmon, certainement de plus en plus inquiet. Tant et si bien que quand la sentence tombe, lorsqu'elle avoue finalement que « Sollux n'apprécie pas l'idée », un frisson hérisse légèrement son pelage le long de son épine dorsale. Il doit certainement sentir les choses, percevoir que si Sollux n'apprécie pas l'idée, personne ne pourra l'apprécier. Si Sollux ne leur donne pas une chance, comment tout un tribunal pourrait leur en accorder une ? C'est stupide. Rosalind est têtue, parfois à cause de lui, il l'avoue, mais elle en est souvent l'unique responsable. Elle s'entête à suivre ses idées quant bien même elle sait qu'elles sont complètement irréalisables voire même dangereuse. C'est exactement ce qui se trame maintenant. Rosalind les entraîne à l'échafaud. Alors Syba bougonne un peu dans son coin, contre elle, surtout sur leur fil de pensées commun, mais elle ne lui prête pas attention. En réalité, dès qu'Avalon a fini de prononcer ses derniers mots, Rosa relève les yeux et ancre son regard dans celui de la jeune femme. Il arrive à la scientifique d'être particulièrement opportuniste et c'est peut-être justement ce qui est en train de se passer.

« Si vous ne nous aidez pas, qui le fera ? » Rosalind ne la lâche pas du regard, celui-ci est toujours aussi franc, mais distant peut-être. Elle ne supplie pas, n'éclate pas en sanglots, ça ne lui ressemblerait pas. Toute fois, elle s'évertue de lui faire comprendre à la fois deux choses, qu'elle est tout simplement dos au mur mais que même dos au mur, Avalon restait leur meilleure chance. « Dis-le, Rosa. » Syba relève les yeux vers elle et cette fois, son regard à lui est plus sévère que celui qu'elle porte sur le raton. Elle soupire finalement, pourquoi tout doit toujours être larmoyant ? Pourquoi on ne peut simplement pas parler aux gens et qu'ils disent oui ? La vie est injuste. « Tu es la meilleure personne. Tu as un bon fond, tu n'utiliserais pas ces recherches dans ton intérêt personnel. Tu peux avoir facilement les subventions pour terminer mes travaux. Et tu es quasi-intouchable du fait de ta filiation. » Elle balance tout ça naturellement. Elle sait pertinemment qu'Avalon pourrait prendre ça comme un véritable outrage, mais Rosalind n'a pas de temps à perdre à amener les choses poliment, dans une heure à peine, les gardes empliront les rues et elle ne doit plus être là quand ça arrivera. D'autant plus que maintenant qu'Avalon est au courant, il lui faut une réponse. Sinon elle doit trouver un moyen de déguerpir et de disparaître… Sybaris hoche la tête lentement en fixant Rosalind, l'encourageant à creuser cette partie-là, certainement. « Il faut que tu comprennes que je prenais des risques quasi-inconsidéré à venir te confier tout cela. Et que je mets en danger la personne qui m'a protégé tout autant que ma propre personne… Je tiens à ces recherches, je tiens à ce qu'elles aboutissent, plus que je tiens à ma propre vie. Si je suis en mesure de vous apporter quelque chose en contrepartie, je le ferais. » Les griffes de Sybaris raclent légèrement le bois de la table du café, alors que la blonde vient passer un bras dans son dos pour le caresser tendrement et essayer de le détendre, il n'apprécie pas tout ce qu'elle vient de dire, et elle le sait, mais parfois, il faut dire ce qu'on a sur le cœur, sans barrières.

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