could I be like you ?

« Proche de ton âme et proche de ton cœur, je sentirai tes craintes et tes peurs. J’essayerai de te les effacer pour qu’enfin, ce sourire lumineux brille de milles feux. Je veux le voir à nouveau éclairer mes nuits et je veux à nouveau sentir ta chaleur, pour alors me rappeler que le monde n’est pas tout noir. Mais tu es mort. Mort et enterré. Ton Daemon parti en poussière devant mes yeux, ton cœur battait et la seconde suivante se stoppait. Je t’avais détesté, je t’avais crié de m’attendre, de ne pas m’oublier mais tu n’as écouté aucune de mes demandes. Tu as fui le monde, notre famille et toutes leurs obligations. Tu as fui leurs rêves et leurs désirs de pouvoir. Mais moi je ne peux pas partir. Je ne peux pas me forcer à te suivre Pierre, je dois rester. Alors oui j’obéis à ce qu’on me demande, j’obéis aux parents en sachant pertinemment que je ne serai jamais assez parfaite pour eux mais je m’en moque. Je me moque de ce qu’ils veulent faire de moi, je me sens libre quand je m’évade de la demeure et c’est pour cette seule et unique raison que je crois encore en l’espoir. Ce petit bout de chance qui me tend les bras, qui m’est tendrement offert. Mais je te retrouverai un jour mon frère, je viendrai te chercher et alors on s’enfuira à nouveau loin de nos devoirs. »

Elle a toujours été d’un optimisme déconcertant. Dans la mort ou dans le désespoir, elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver une échappatoire agréable. Lorsque son frère était mort, lorsqu’il avait préféré se pendre plutôt que de supporter les ordres de son père, elle avait pleuré mais c’était relevé. Elle s’était convaincue que la mort ne signifiait en somme pas grand chose, qu’il se trouvait dans un lieu similaire au sien mais qu’il pourrait toujours l’entendre. Elle n’avait pas oublié la vision de son corps qui se balançait au bout de la corde dans le vide, ce moment où son Daemon s’était évaporé en poussière, mais elle essayait de ne pas y penser. Elle se disait que ce n’était qu’un vague cauchemar et qu’elle avait juste à l’oublier plutôt que de le ressasser.

Alors certains pouvaient dire de Lyssandre qu’elle était une simple d’esprit, trop niaise et naïve pour affronter la vie mais c’en était tout autre. Certes elle croyait en la bonté et savait qu’en chaque personne il y avait de la gentillesse mais elle avait tort. Damyan le sait et il s’inquiète beaucoup pour elle. Il est vrai qu’il est toujours celui qui la fourre dans de mauvaises situations mais il ne pourrait jamais supporter qu’on lui fasse du mal. Toujours à l’affut du moindre bruit, il la suit toujours. Jamais il ne la lâche des yeux, jamais il ne pourrait se résoudre à l’abandonner. Pour Lyssandre, Damyan représente son frère disparu, ce garçon sur les photos de famille dans le grenier qu’elle ne connaît pas. Ce garçon qui la porte parfois dans ses bras. Elle a essayé à de nombreuses reprises de demander à ses parents une réponse mais jamais ils ne lui avaient répondu. Alors comme toutes les familles, il y avait des mystères qui entouraient la famille Manfreed, des squelettes dans les placards. Parfois on entendait dire que le père avait tué un homme pour pouvoir monter en grade. On chuchotait qu’ils étaient des avares et des monstres avides de devenir les plus grands. Alors pour cela, il fallait s’allier à ces autres familles fortunées de la ville. Lyssandre ne le sait pas encore, mais son innocence et sa liberté sont bien trop imaginaires. Promise à un inconnu depuis ses quatorze ans, son mariage approche à petits pas et cette fois, je ne saurai dire comment elle réagirait.