Space Oddity

Donovan, perdu dans ses pensées. On m'as toujours dit qu'il n'y avait rien au-delà des nuages. Pourtant, la nuit, on voit bien qu'il ne reste pas que du bleu ou du noir. La nuit, on, je vois les points clairs dans ce ciel assombri. Les étoiles, je les vois, je vois aussi la lune, la plus grosse de toutes ces tâches. La lune est grosse, presque aussi grosse qu'une femme enceinte. Papa me disait que c'était l'enfant de Vénus, la lune. Il me disais que la lune donnait vie au jour et qu'elle donnait le relais au soleil durant la journée car si elle passait plus d'une nuit en dehors du ventre de sa mère, la lune serait trop fatiguée pour retourner en elle. Et ce serait la fin du jour et la nuit prendrait le dessus. Petit, j'avais peur de cette histoire, pure invention de mon père, juste pour me faire peur. Mais ce n'est même pas la fin. Papa ajoutais qu'à une occasion, une seule, la lune pouvait sortir durant la journée: pour aller voir son amant, le soleil. Le soleil était l'enfant des Dieux, de tous, et pas juste l'enfant de Vénus comme l'était la lune. Ainsi, elle s'était toujours sentie privilégié d'avoir cet astre comme amant. Mais les autres planètes étaient jalouses de cette union, qu'elles voyaient comme indigne: le soleil, ce grand astre, ce bel âtre, avec la bâtarde de Vénus ? Jamais, jamais, elles n'auraient permis une telle chose. Les planètes étaient si insidieuses dans leurs paroles qu'elles jetèrent une malédiction aux deux amants qui ne purent depuis que se réunir que par hasard, la lune ayant perdu son sens de l'orientation: elle décida, afin de ne pas perdre le chemin du ventre de sa mère, de rester autour de la planète bleue comme point de repère. A ce moment, du peu que je m'en souvienne, Papa me fermait les yeux et continuait en murmurant de sa voix douce et grave. Il disait que depuis, quand les deux astres se rencontrent, ils retrouvent une telle joie que la lune recouvre le soleil, et qu'ils font l'amour jusqu'à que de la lumière naisse de leurs union.
J'avoue que j'ai toujours cru à cette histoire, même si je n'ai jamais vu la lune et le soleil se bécoter dans le ciel. C'est ce qui m'a pousser à plonger dans les livres de mythologie et d'astronomie, et finalement à commencer des études dans ce domaine qui me passionne tant.

Une lumière passe devant ses yeux. Donovan cligne des yeux et regarde dans le ciel: rien, c'est juste un ciel de mardi tout à fait normal, avec un soleil tout à fait normal. Rien de bien exceptionnel. Comme tous les jours depuis sa naissance. Il pousse un soupir et se lève en ramassant Ziggy en même temps. Lui aussi avait les yeux fermés, mais ce n'était sûrement pas pour penser. Donovan se trouve sur la terrasse de son appartement, que son père lui paye. Son père a toujours été là pour lui, et Donovan lui en sera toujours reconnaissant, mais il n'est plus le même depuis qu'il à perdu son daemon. Depuis qu'il est devenu un excor. Donovan trouve que c’est un nom repoussant pour des personnes aussi fortes: lui, si il perdait Ziggy, il se tuerait. On lui à dit ça, à l'université, qu'il y avait des gens qui s'étaient suicider à cause de ça, mais son père, et de nombreuses personnes, ne l'ont pas fait. Une preuve de courage, se dit Donovan. Mais le courage qui laisse son père en vie semble lui prendre tout ce qui lui restait d'humanité. Donovan se rend bien plus souvent qu'avant chez son père depuis qu'il à perdu son daemon. Son père, depuis qu'il à perdu Beau, son loup, n'est plus qu'une loque en privé, bien qu'il essaie de rester le plus digne possible devant ceux qu'il doit diriger: on ne reste pas à la tête d'une centaine d'usines en s'apitoyant sur son sort, qu'il dit. En se disant cela, Donovan entame une marche à pied pour se rendre chez son père, Ziggy toujours sous le bras.